Antoni Clavé: Instruments étranges

Né à Barcelone, Antoni Clavé entre, à l’âge de treize ans, comme commis dans une maison de tissus. Le jeune Antoni rêve et dessine d’improbables mannequins au milieu des corsets et des gaines. Il s’inscrit au cours du soir de la Escuala y Bellas Artes de Barcelone. Des chiffons animés par des formes allusives au cinéma il n’y a qu’un pas.

En 1932, il gagne un deuxième prix de concours d’affiches. En 1936, il combat dans les rangs républicains et s’exile en France où il est interné en 1939.

Son énergie flamboyante, son appétit de vivre et de peindre impressionnent Picasso qui l’encourage. Influencé par la violence expressionniste de Soutine et la sécheresse des primitifs catalans, il crée une gestualité frénétique proche de l’abstraction lyrique. Sa première exposition personnelle a lieu à la librairie Au sans pareil à Paris. Il expose au Salon d’automne en 1940 et remporte le Prix Unesco de la gravure à la Biennale de Venise en 1956.

 

Dès les années 60, il est défini comme appartenant à l’Ecole de Paris mais il est inclassable. Surréaliste, il est guidé par « l’explosante fixe » et suit les hasards des collages, d’empreintes, de traces. La reconnaissance est au rendez-vous avec la grande rétrospective de son œuvre en 1978 au Musée d’art moderne de Paris. Abstrait, il enchevêtre trompe-l’œil et somptueux collages, aplats et gaufrages, déchirures, pigments altérés et érodés, exaltant la matérialité complexe de la création.

Au festin inépuisable des matières galvanisées surgissent des formes ardentes, une vitalité porteuse d’avenir dans un foisonnement végétal, animal, texturel où s’hybrident toile, gravure, résurgences minérales et chaos. Un nouveau langage de sève et d’illumination qu’il poursuivra jusqu’à sa mort en 2005. Rien ne résiste à l'ogre catalan.